Les anciennes civilisations et leurs croyances dans les vies antérieures

De l’Égypte ancienne à la culture celte, de la Grèce antique aux peuples autochtones de l’Amérique du Nord, de nombreuses civilisations anciennes ont adopté de concept de la réincarnation et des vies antérieures. Petit voyage à travers le temps.

Les anciennes civilisations et leurs croyances dans les vies antérieures

Berceau de plusieurs des plus anciennes civilisations de l’histoire comme les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens et les Assyriens, la Mésopotamie avait des croyances religieuses et spirituelles profondément ancrées. Cependant, ces croyances étaient principalement axées sur l’au-delà, les dieux et les déesses, et le culte des ancêtres, plutôt que sur la réincarnation telle que nous l’entendons dans les traditions hindoues ou bouddhistes.

Les textes et les mythes mésopotamiens ne montrent pas de preuve claire d’une croyance en la réincarnation. Les anciens Mésopotamiens croyaient plutôt que, après la mort, les âmes descendaient dans le “Kur,” un monde souterrain sombre et poussiéreux gouverné par la déesse Ereshkigal. Ce lieu était souvent décrit comme désolé et sans retour possible vers le monde des vivants, ce qui contraste avec l’idée d’un cycle de renaissance.

Les rituels funéraires et les stèles commémoratives en Mésopotamie mettaient également l’accent sur le culte des ancêtres et la préservation de la mémoire du défunt dans le monde des vivants, plutôt que sur une possible réincarnation. Les pratiques telles que les offrandes faites aux morts étaient destinées à apaiser leurs esprits et à garantir leur bien-être dans l’au-delà, sans implication d’un retour à la vie terrestre.

Les anciens Égyptiens ne nous ont pas seulement légué des pyramides majestueuses, ils nous ont offert une vision profonde sur le cycle perpétuel de la vie. Dans l’Égypte ancienne, la mort n’est que le début d’une nouvelle aventure, la réincarnation une promesse d’éternité, où chaque âme a la possibilité de renaître pour continuer son évolution spirituelle.

Loin d’être une idée abstraite, cette conviction était incarnée par le principe sacré de Ma’at, représentant l’ordre, la vérité et la justice. Les Égyptiens étaient convaincus que maintenir cet équilibre cosmique était essentiel non seulement pour leur bien-être dans ce monde mais aussi pour garantir une transition harmonieuse vers l’au-delà.

Comment ces croyances profondes ont-elles influencé la vie quotidienne des anciens Égyptiens ? Leur vision de l’éternité se reflétait dans chaque aspect de leur société, en particulier à travers des rituels funéraires empreints d’une richesse symbolique inouïe.

  • La momification : bien plus qu’une technique de conservation du corps, elle était vue comme une préparation méticuleuse du défunt pour son voyage vers l’Aaru, paradis verdoyant où il pourrait jouir d’une vie nouvelle sous la protection bienveillante d’Osiris.
  • Le Livre des Morts : ce guide spirituel personnalisé accompagnait le défunt dans son périple au-delà du voile terrestre. Chaque formule magique inscrite était une clé ouvrant les portes vers les différentes étapes du Duat (l’au-delà), assurant ainsi sa protection et sa guidance.
  • L’offrande aux dieux : ces présents délicatement choisis avaient pour but d’honorer les divinités et d’invoquer leur faveur pour le défunt. Ils soulignaient également le lien indissociable entre les vivants et leurs ancêtres bien-aimés.

Cette magnifique tapisserie rituelle témoigne du désir ardent des Égyptiens d’accueillir chaque fin comme un nouveau commencement.

Contrairement à d’autres cultures anciennes, la réincarnation en Grèce antique était principalement discutée et développée dans le contexte philosophique plutôt que comme une croyance religieuse généralisée.

Les Pythagoriciens, par exemple, croyaient en la transmigration des âmes, affirmant que les âmes humaines pourraient renaître dans différents corps au fil du temps. Pythagore aurait même enseigné que les âmes sont immortelles et passent d’un corps à un autre, pouvant habiter des corps humains ou animaux, en fonction du karma et de la pureté morale de l’âme. Cette croyance impliquait également une dimension morale et éthique, où l’âme pouvait s’élever ou se dégrader à travers ses différentes vies.

Platon a également abordé des idées de réincarnation, en particulier dans ses dialogues tels que le “Phèdre” et la “République”. Le philosophe utilise l’allégorie de l’Er, le fils d’Arménios, qui après être mort au combat, se réveille sur un chemin menant à deux ouvertures dans le ciel et la terre, chacune destinée aux âmes revenant de l’au-delà. Selon lui, les âmes choisissent de nouvelles vies, boivent l’eau de l’oubli, et se réincarnent.

L’orphisme, une tradition mystique centrée autour des enseignements attribués au poète mythique Orphée, est une autre source importante des croyances en la réincarnation dans la Grèce antique. Selon l’orphisme, l’âme humaine serait d’origine divine et immortelle, tombée du ciel.

Ainsi, à travers la réincarnation et une série de rites purificatoires, elle aurait la possibilité de regagner son état céleste originel. Cette croyance souligne l’importance des pratiques spirituelles pour la purification et l’ascension de l’âme vers sa demeure divine.

La civilisation indienne a donné naissance à l’hindouisme et au bouddhisme. L’hindouisme est considéré comme l’une des plus anciennes religions du monde, avec des origines qui remontent à la préhistoire et la civilisation de la vallée de l’Indus, autour de 2500-1500 av. J.-C.

Même si l’hindouisme se définit davantage par un ensemble complexe de croyances, de pratiques, de sectes et de philosophies que par une religion monolithique, il est profondément enraciné dans des textes sacrés comme les Védas, les Upanishads, la Bhagavad-Gîtâ et les Puranas. Ces textes sacrés traitent d’une multitude de concepts philosophiques et théologiques, y compris la réincarnation, le karma, le dharma, et le moksha (libération).

L’hindouisme se distingue par sa conception du Soi éternel ou Atman. Contrairement aux possessions matérielles ou aux relations éphémères qui caractérisent notre existence terrestre, l’Atman représente notre essence véritable – immuable et indestructible.

La quête spirituelle hindoue consiste alors à réaliser cette vérité ultime : une fusion de l’âme individuelle (Atman) avec l’âme universelle (Brahman). Cette fusion représente non seulement la compréhension de la vérité la plus profonde de l’existence, mais aussi la réalisation de la libération (moksha) de toutes les souffrances et du cycle des renaissances (samsara).

Selon le bouddhisme, notre existence est une succession d’instants éphémères, un flux perpétuel où chaque fin n’est que le prélude à un nouveau début. Dans cette perspective, la réincarnation n’est pas simplement une croyance: elle est une réalité profonde qui invite à regarder au-delà des apparences.

Pour les bouddhistes, chaque vie est vue comme une opportunité précieuse d’apprentissage et de croissance spirituelle. Les actions que nous posons – notre karma – tissent les fils invisibles qui déterminent les conditions de nos existences futures, jusqu’à atteindre le Nirvana, cet état d’éveil suprême et de paix intérieure inébranlable.

Les Mayas entretenaient une vision particulière de l’au-delà, un lieu mystérieux nommé Xibalba. Loin d’être un havre de paix, ce monde souterrain est peuplé de démons et d’épreuves à surmonter pour atteindre le repos éternel ou bien renaître.

La mort n’était pas perçue comme une fin absolue mais plutôt comme un passage vers une autre forme d’existence.

Cette transition impliquait souvent des rituels et des sacrifices, témoignant du lien profond entre les vivants et les divinités régissant le cycle de la vie et de la mort. Les Mayas croyaient fermement en la métamorphose post-mortem, voyant dans la nature cyclique des saisons une métaphore puissante pour leurs propres cycles existentiels.

Pour les Aztèques, l’univers est structuré en plusieurs niveaux célestes et infernaux, chaque espace étant gouverné par des forces surnaturelles spécifiques. Si la mort ouvre les portes vers ces mondes parallèles, le destin final de l’âme dépend grandement du type de vie menée ainsi que des circonstances du décès.

Certains guerriers tombés au combat ou victimes sacrifiées étaient honorés par un accès direct au soleil, intégrant ainsi le panthéon céleste pour accompagner cette lumière vitale dans son voyage quotidien. D’autres âmes pouvaient rejoindre Tlalocan, le paradis terrestre gouverné par Tlaloc, dieu de la pluie.

La civilisation celte, avec ses racines étendues à travers l’Europe et sa durée à travers plusieurs siècles, a laissé derrière elle un riche héritage de mythes et de croyances spirituelles. Parmi ces croyances, les notions de vies antérieures et de réincarnation occupent une place significative, bien que les détails soient souvent fragmentaires en raison de la nature orale de leur transmission et du peu de documents écrits laissés par les Celtes eux-mêmes.

Selon les écrits des auteurs grecs et romains, les druides croyaient en l’immortalité de l’âme et enseignaient que l’âme passait d’un corps à l’autre après la mort. Cette transmigration n’était pas vue uniquement comme un cycle de renaissances au sein du même peuple ou de la même région, mais pouvait aussi traverser les frontières des espèces, des humains aux animaux et vice versa.

Ces croyances en la réincarnation influençaient la manière dont les Celtes voyaient l’éthique et la justice. Si une âme pouvait revenir dans une nouvelle vie, les actions d’une personne dans une vie pouvaient avoir des répercussions dans la suivante, instaurant ainsi un système de moralité qui préconisait l’honneur, le courage et d’autres vertus, essentiels pour une réincarnation favorable.

Les croyances relatives aux vies antérieures chez les peuples autochtones d’Amérique du Nord varient significativement d’une tribu à l’autre, chaque culture ayant développé ses propres explications spirituelles de la vie, de la mort et de la renaissance. Ces croyances sont souvent profondément enracinées dans leur compréhension du monde naturel et de leur place au sein de celui-ci.

Chez certaines tribus, comme les Hopi, il existe une croyance en un cycle de naissance, mort et renaissance qui est intimement lié à leur environnement et à leurs pratiques agricoles. Les Hopi voient la vie comme un cycle continu, où la mort est simplement une transition vers un autre état de conscience. Ils croient que les esprits des ancêtres jouent un rôle actif dans la vie communautaire, guidant et protégeant les vivants, et pouvant se réincarner dans de nouveaux membres de la tribu.

Les tribus des plaines, telles que les Lakota, entretiennent également des notions de réincarnation qui reflètent leur connexion profonde avec la faune. Pour eux, les animaux tels que le bison ne sont pas seulement essentiels à leur survie matérielle, mais aussi des guides spirituels. Ils croient que les esprits, y compris ceux des bisons, peuvent se réincarner et retourner pour aider ou guider la communauté.

Les peuples de la côte nord-ouest, tels que les Tlingit, intègrent également des éléments de réincarnation dans leurs croyances. Ils peuvent interpréter les phénomènes naturels et les rencontres avec certains animaux comme des signes de la présence d’ancêtres réincarnés. Ces croyances renforcent le respect pour toutes les formes de vie, considérées comme potentiellement habitées par des esprits revenus sur terre.

Chez les Iroquois, bien que la réincarnation ne soit pas explicitement détaillée comme dans d’autres traditions, le concept de vie après la mort inclut des éléments qui peuvent être interprétés comme une forme de continuation spirituelle. Les rêves et les visions, par exemple, sont souvent vus comme des moyens par lesquels les ancêtres communiquent avec les vivants, suggérant une forme de persistance de l’âme.

La croyance en les vies antérieures est ancrée au cœur des traditions et des spiritualités les plus diverses. Chaque civilisation, avec sa riche palette de croyances et de pratiques, converge vers cette fascinante quête de compréhension de l’existence au-delà de la simple vie terrestre.

En dépit de leur diversité, ces croyances partagent une perspective commune : la vie humaine n’est pas considérée comme un événement isolé, mais comme une étape dans un voyage continu de l’âme, offrant à la fois un sens profond à l’existence actuelle et une perspective sur l’immortalité spirituelle.

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