Vies antérieures et réincarnation : la position des principales religions

La position des principales religions sur les vies antérieures et la réincarnation

La réincarnation et les vies antérieures ont traversé les siècles, se frayant un chemin à travers diverses religions, cultures et croyances. La manière dont ces concepts sont perçus et interprétés varie considérablement d’une tradition religieuse à l’autre. Cette diversité d’opinions offre une richesse de perspectives mais soulève aussi d’intéressantes discussions sur les points de convergence et de divergence entre les croyances.

Il est difficile de déterminer avec précision quelle religion a été la première à évoquer les vies antérieures, car l’interprétation de textes anciens et de pratiques spirituelles millénaires n’offre que peu de certitudes. Cependant, les historiens s’accordent sur le fait que les premières mentions explicites et détaillées de la réincarnation se trouvent dans les traditions de l’Inde ancienne, notamment dans l’hindouisme et le jaïnisme, lesquelles ont formulé des concepts de renaissance et de karma de manière très élaborée.

Dans l’hindouisme, la réincarnation est un pilier central, intégrée dans la vision cosmique d’un cycle incessant de vie, mort et renaissance, connu sous le nom de samsara. Cette croyance est inextricablement liée au karma, la loi cosmique de cause à effet, selon laquelle chaque action a des répercussions qui déterminent la qualité de la vie future de l’âme.

Le karma accumulé à travers les vies dicte non seulement les circonstances de la naissance suivante, mais aussi les défis et opportunités que l’individu rencontrera.

La libération de ce cycle, le moksha, est le but ultime de la vie spirituelle. Cette réalisation de l’unité avec le Brahman, l’Absolu, met fin à la chaîne des renaissances.

Pour atteindre le moksha, l’hindouisme propose plusieurs voies, notamment le karma yoga (la voie de l’action désintéressée), le bhakti yoga (la voie de la dévotion) et le jnana yoga (la voie de la connaissance). Chaque pratique aide l’individu à transcender l’illusion du moi et à percevoir sa véritable nature divine.

Les rituels, les pèlerinages, les chants dévotionnels et les méditations sont des pratiques qui soutiennent les fidèles dans leur quête spirituelle. Les textes sacrés, tels que les Upanishads et la Bhagavad Gita, offrent une guidance philosophique et pratique pour naviguer dans ce chemin complexe de libération spirituelle.

Le concept de réincarnation est fondamental dans l’hindouisme, intégré à la vision de l’univers et de la vie humaine comme un cycle perpétuel de naissance, de mort et de renaissance, appelé samsara. Cette croyance est étroitement liée aux lois du karma, selon lesquelles les actions d’une personne dans sa vie actuelle déterminent ses conditions de vie dans les incarnations futures. L’objectif ultime dans l’hindouisme est de briser ce cycle par la réalisation du moksha, une libération de l’âme de l’enchaînement des renaissances. Le moksha est atteint par une vie de discipline religieuse, de dévotion, de méditation et de bonne conduite, en fonction des enseignements des écritures sacrées telles que les Vedas, les Upanishads et la Bhagavad-Gita.

Selon le jaïnisme, une religion ancienne de l’Inde, l’univers est éternel et non créé, et il est peuplé d’innombrables âmes (jivas) qui sont intrinsèquement pures et immortelles. Ces âmes existent dans un cycle de naissance, de mort et de renaissance, influencé par leurs actions (karma). Le karma, dans le jaïnisme, est littéralement vu comme une matière subtile qui adhère à l’âme et l’affecte en fonction de la nature de l’action. Les actions positives et négatives accumulent du karma qui détermine la qualité de la vie future et le royaume de l’existence dans lequel l’âme renaîtra.

Le jaïnisme offre une approche unique et rigoureuse de la spiritualité, centrée sur la purification de l’âme et la cessation du cycle des renaissances. Cette quête de libération est non seulement un voyage individuel mais aussi un engagement à vivre de manière éthique et harmonieuse avec toutes les formes de vie. En éliminant le karma à travers la discipline et l’ascétisme, les jaïns cherchent à atteindre un état de béatitude et de connaissance parfaite, libérés des liens du cycle de la réincarnation.

Le bouddhisme partage avec l’hindouisme la croyance en la réincarnation, mais avec une interprétation distincte centrée sur l’anatta (non-soi). Selon le Bouddha, il n’existe pas de “soi” éternel qui se réincarne, mais plutôt un flux continu de conscience qui passe d’une vie à l’autre en fonction des actions (karma).

Le but ultime dans le bouddhisme est d’atteindre le nirvana, un état d’extinction du désir, de l’attachement et de l’ignorance, ce qui met fin au cycle des renaissances. Les pratiques bouddhistes telles que la méditation, l’observance des préceptes éthiques et le développement de la pleine conscience et de la compassion sont essentielles pour purifier l’esprit et rompre les chaînes du karma négatif.

Le christianisme n’embrasse pas la réincarnation comme une croyance doctrinale. Il enseigne plutôt que chaque âme vit une seule vie terrestre suivie par un jugement final.

Le christianisme enseigne que, après la mort, les âmes humaines sont jugées immédiatement par Dieu et entrent soit au ciel soit en enfer basé sur leur foi en Jésus Christ et leurs actions durant leur vie terrestre. Cette conception est bien résumée dans les écritures du Nouveau Testament, notamment dans le livre des Hébreux (9:27) : “Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement.”

Il s’agit donc d’une vision de la vie et de l’au-delà linéaire plutôt que cyclique.

Selon la doctrine chrétienne, après la mort, les êtres humains ne renaissent pas dans de nouvelles vies terrestres mais attendent la résurrection à la fin des temps. Cette résurrection n’est pas un retour à la vie terrestre mais une entrée dans une nouvelle existence transformée en présence de Dieu.

Les sacrements, tels que le baptême et la communion, jouent un rôle vital dans la vie chrétienne, servant de moyens de grâce pour fortifier l’âme dans sa marche vers Dieu. Les enseignements chrétiens mettent un fort accent sur l’amour, le pardon et la charité, considérés comme essentiels pour vivre une vie qui reflète les enseignements de Jésus.

Même si certaines sectes chrétiennes ésotériques ou mystiques ont exploré des idées qui ressemblent à la réincarnation, les principales confessions chrétiennes—catholique, protestante et orthodoxe—rejettent toutes la réincarnation, car elle est vue comme incompatible avec les enseignements de la Bible concernant le salut et la résurrection. Toutefois, il convient de souligner que certains lisent de claires allusions à la réincarnation dans la Bible.

L’islam rejette explicitement la réincarnation comme une croyance valide. Ce rejet est ancré dans plusieurs principes et textes fondamentaux qui façonnent la cosmologie islamique.

Le Coran, le texte sacré de l’islam, ne contient aucune indication que l’âme humaine retourne à la vie terrestre après la mort physique. Au contraire, il enseigne que la mort est le passage de l’âme vers un état permanent d’existence qui ne comporte pas de retour cyclique. Selon le Coran, après la mort, les âmes entrent dans une période d’attente jusqu’au Jour du Jugement, où elles seront ressuscitées et jugées par Allah pour leur foi et leurs actions.

L’Islam rejette également la réincarnation, enseignant que chaque âme est créée par Allah et vit une seule vie terrestre, après quoi elle est jugée lors du Jour du Jugement. Les croyants seront récompensés par le paradis tandis que les non-croyants seront punis en enfer. L’accent est mis sur la soumission à la volonté d’Allah (Islam) à travers la pratique des Cinq Piliers de l’Islam et une vie de piété morale.

L’islam met l’accent sur la résurrection des morts lors du Jour du Jugement, un concept fondamental qui diffère radicalement de l’idée de réincarnation. Le Coran (22:5-6) parle de comment Allah ressuscitera les humains de leurs tombes pour le jugement final. Ce jour-là, chaque personne sera jugée individuellement et recevra soit une récompense éternelle au paradis, soit une punition en enfer, basée sur sa soumission à la volonté d’Allah et ses actions morales durant sa vie terrestre.

Dans l’islam, la vie terrestre est considérée comme une unique chance de prouver sa dévotion à Allah. Les croyances musulmanes stipulent que cette vie est une série de tests à travers lesquels l’individu doit montrer son obéissance aux commandements d’Allah et rester ferme dans sa foi. Cette perspective est incompatible avec l’idée d’avoir plusieurs vies pour atteindre la perfection spirituelle ou la libération, comme le suggère le concept de réincarnation.

Bien que les textes canoniques du judaïsme, comme la Torah et le Talmud, ne mentionnent pas explicitement la réincarnation, le concept est exploré dans certaines écoles de pensée mystique juive, notamment e Zohar, central dans l’étude de la Kabbale. La croyance en la réincarnation, ou gilgul neshamot (la transmigration des âmes), est utilisée pour expliquer certains aspects de la nature spirituelle de l’humanité et du monde.

Rédigé au 13ème siècle, mais attribué à Rabbi Shimon bar Yochai, au 2ème siècle, le Zohar explore en détail l’idée que les âmes reviennent sur terre dans de nouveaux corps pour accomplir des commandements qu’elles n’ont pas réussis à observer dans leurs vies précédentes ou pour réparer des fautes passées.

Dans la Kabbale, la réincarnation est souvent vue comme un mécanisme permettant à l’âme de parvenir à une correction (tikkun) de ses imperfections. Chaque âme est considérée comme ayant une mission spécifique sur terre, et si cette mission n’est pas achevée au cours d’une vie, l’âme peut revenir dans d’autres vies pour la compléter. Cette croyance offre une perspective de compassion et de justice divine, permettant plusieurs occasions de rectification.

Judaïsme La réincarnation n’est pas une croyance centrale dans le judaïsme mainstream, mais elle apparaît dans certaines écoles de pensée mystique juive, comme la Kabbale. La Kabbale enseigne la gilgul, la transmigration des âmes, qui est vue comme un processus par lequel les âmes peuvent continuer leur développement spirituel à travers plusieurs vies. Cependant, cette croyance est loin d’être universelle parmi les Juifs et est principalement limitée aux cercles mystiques.

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