la réincarnation et les vies antérieures dans les textes anciens et sacrés

À travers les âges, de nombreuses cultures et traditions ont adressé le concept de la réincarnation et des vies antérieures dans leurs textes sacrés. Leur lecture révèle une grande diversité de perspectives et des notions souvent divergentes.

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Piliers des religions à travers le monde, les textes anciens et sacrés couvrent un éventail de sujets allant au-delà de la réincarnation, tels que les origines de l’univers, les lois morales, les rituels sacrés, la nature de la divinité ainsi que les chemins vers la libération spirituelle ou le salut.

Ils fournissent également des récits fondateurs, des enseignements éthiques et des méditations sur la condition humaine, offrant ainsi des cadres pour comprendre le monde, guider le comportement et façonner la communauté et l’individu spirituel.

Certains abordent également de manière unique la question de la réincarnation et des vies antérieures, réflétant les croyances diverses sur la continuité spirituelle de l’existence et permettant ainsi à une religion d’afficher une position sur le concept des vies antérieures.

 

La Bhagavad-Gita, souvent simplement appelée la Gita, est un texte sacré de l’hindouisme qui fait partie du Mahabharata, une épopée sanskrite ancienne. Ce dialogue philosophique entre le prince Arjuna et le dieu Krishna aborde des questions fondamentales sur la vie, le devoir (dharma), la justice, et la spiritualité. La réincarnation et les vies antérieures sont des thèmes importants dans la Bhagavad-Gita, qui offre des enseignements explicites sur ces sujets.

Impermanence du corps physique : la Gita enseigne que l’âme (atman) est éternelle et immortelle, tandis que le corps physique est temporaire et périssable. Dans le chapitre 2, verset 22, Krishna compare l’âme à un habitant changeant de vêtements : “De même que l’homme abandonne ses vieux vêtements pour en prendre de nouveaux, l’âme abandonne les corps usés pour en revêtir de nouveaux.”

Cycle de naissance et de mort : Krishna explique à Arjuna que toutes les âmes vivantes sont soumises au cycle de la naissance, de la mort, et de la renaissance (samsara) en fonction de leur karma. Les actions réalisées dans une vie déterminent les conditions de la vie future.

Libération du cycle de la réincarnation : la libération (moksha) de ce cycle est un thème central de la Gita. Elle est atteinte par la dévotion à Dieu, la pratique de la droiture, la méditation et la compréhension de la nature véritable de l’âme. Krishna encourage Arjuna à agir selon son dharma, sans attachement aux résultats de ses actions, comme moyen de progresser spirituellement et d’atteindre finalement la libération.

Textes sacrés de l’hindouisme, les Upanishads offrent une exploration profonde de la nature de la réalité, du soi (atman) et de l’Absolu (Brahman). Elles abordent les concepts de réincarnation (samsara) et de karma de manière significative, contribuant à la compréhension et à l’élaboration de ces idées dans la pensée hindoue.

Les Upanishads expliquent le samsara, le cycle de la naissance, de la mort et de la renaissance, comme un processus incessant auquel les êtres vivants sont soumis en raison de leur ignorance (avidya) de leur véritable nature et de leur attachement aux désirs matériels. C’est l’ignorance de l’unité fondamentale de l’atman avec Brahman qui entraîne l’âme dans le cycle du samsara.

Le karma, ou la loi de l’action et de ses conséquences, est également un thème central des Upanishads. Les actions d’une personne dans cette vie déterminent les conditions de ses vies futures. Les bonnes actions conduisent à de meilleures conditions de vie, tandis que les mauvaises actions entraînent des conséquences négatives. Ce principe souligne l’importance de vivre une vie droite et d’accomplir ses devoirs dharma avec une intention pure.

La libération du cycle de la réincarnation, appelée Moksha, est présentée comme l’objectif ultime de la vie. La Moksha est atteinte par la connaissance (jnana) de la véritable nature de l’atman et sa réalisation de l’unité avec Brahman. Cette connaissance transcende l’ego et les désirs matériels, mettant fin au cycle des renaissances.

La Bible, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, ne soutient pas explicitement la notion de réincarnation telle qu’elle est comprise dans certaines religions et traditions spirituelles, où les âmes ou les esprits vivent plusieurs vies terrestres dans différents corps. Au contraire, les enseignements bibliques se concentrent sur l’existence d’une vie terrestre unique suivie par le jugement et l’au-delà (le ciel ou l’enfer) en fonction des croyances et des actions d’une personne pendant sa vie.

Certains passages de la Bible pourraient poutrant suggérer, selon certaines interprétations, une forme de continuité de la conscience ou des expériences à travers différentes existences. C’est le cas notamment lorsque Jésus identifie Jean le Baptiste comme “l’Élie qui doit venir”.

La notion de vies antérieures dans la Bible est détaillée plus en profondeur dans un autre chapitre du guide.

Le bouddhisme n’a pas un seul texte sacré universellement reconnu par toutes ses branches, contrairement à certaines autres religions majeures. Au lieu de cela, il existe une multitude de textes considérés comme sacrés, regroupés en trois grandes collections connues sous le nom de « Tripitaka » ou « Trois Corbeilles ». Ces collections comprennent le Vinaya Pitaka, le Sutta Pitaka (ou Sutra Pitaka), et l’Abhidhamma Pitaka et fournissent un cadre détaillé pour comprendre la réincarnation et les vies antérieures.

Le bouddhisme enseigne que les actions (karma) d’un individu dans sa vie actuelle et dans ses vies antérieures déterminent les conditions de sa vie future. Le karma, composé d’actions positives ou négatives, influence la nature de la renaissance future d’une personne. Ainsi, les vies antérieures et futures sont directement affectées par les comportements et les intentions d’une personne.

Le samsara est le cycle incessant de naissance, de mort et de renaissance, considéré comme étant plein de souffrance. Les textes bouddhistes décrivent le samsara comme une roue dont on ne peut s’échapper qu’en atteignant l’éveil ou le nirvana. Le cycle est alimenté par l’ignorance, le désir et l’aversion, et peut être rompu seulement par la réalisation de la vérité ultime et l’extinction des désirs.

Le nirvana est l’objectif ultime du chemin bouddhiste et représente la libération du cycle de la réincarnation. Atteindre le nirvana signifie réaliser l’extinction de l’attachement, de l’aversion et de l’ignorance, ce qui libère l’individu du samsara. Le nirvana est décrit comme un état de paix et de libération ultime, au-delà de toute souffrance.

Dans le bouddhisme, la réincarnation est donc vue non seulement comme une explication de la condition humaine mais aussi comme une voie vers la transformation spirituelle et la libération. Toutefois, contrairement à d’autres croyances qui envisagent l’âme comme une entité perpétuelle voyageant de corps en corps, le bouddhisme introduit le concept d’Anatta ou non-soi. Cette idée soutient qu’il n’existe pas de soi permanent qui se réincarne, mais plutôt un flux continu de conscience qui se transforme incessamment.

Le “Livre des Morts” est un terme moderne donné à une collection de textes funéraires de l’Égypte ancienne. Ces textes, qui varient considérablement d’un exemplaire à l’autre, contiennent des formules magiques, des prières, des hymnes et des incantations destinées à guider les défunts à travers le Duat (l’au-delà égyptien) et à leur assurer une existence sûre et prospère après la mort.

Le concept de réincarnation n’est pas un thème central du “Livre des Morts” égyptien. Les anciens Égyptiens croyaient en une vie après la mort dans l’au-delà, mais cette croyance se concentrait plus sur l’immortalité de l’âme et sa capacité à vivre éternellement dans l’au-delà, plutôt que sur l’idée de renaître dans le monde des vivants.

Bien que la Torah elle-même ne discute pas de la réincarnation, l’idée a été explorée dans la littérature juive post-biblique, notamment dans la mystique juive (la Kabbale) et certains textes du judaïsme rabbinique. Le concept de la réincarnation, connu sous le nom de “gilgul neshamot” (cycle des âmes), est devenu une partie de certaines croyances mystiques juives au Moyen Âge. Certains rabbins médiévaux et mystiques juifs l’ont intégré dans leurs enseignements.

Dans la tradition kabbalistique, notamment le Zohar, qui a été rédigé au XIIIe siècle, la réincarnation est envisagée comme un processus par lequel les âmes reviennent à la vie terrestre pour accomplir les commandements (mitsvot) qu’elles n’ont pas pu accomplir dans des vies antérieures, pour réparer les fautes (tikkun) ou pour aider d’autres âmes à atteindre leur perfection. Cela diffère du concept oriental de réincarnation, car il est intrinsèquement lié à la réalisation des objectifs spirituels spécifiques au judaïsme.

La réincarnation, telle qu’elle est discutée dans la littérature kabbalistique, est généralement comprise comme un moyen pour l’âme d’atteindre sa mission divine à travers plusieurs existences, plutôt qu’un cycle sans fin de souffrance dû au karma. Il est important de noter que ces vues ne sont pas centrales dans la pratique juive pour tous les croyants et varient en fonction de l’interprétation et de l’affiliation communautaire.

Texte fondateur du taoïsme, le “Tao Te Ching” ne traite pas explicitement de la réincarnation ou des vies antérieures de manière directe comme le font les textes des traditions qui adhèrent à ces concepts (comme l’hindouisme ou le bouddhisme). Le focus principal du “Tao Te Ching” est sur la compréhension et l’application des principes du Tao dans la vie quotidienne pour atteindre une existence harmonieuse et équilibrée.

Le Guru Granth Sahib, le texte sacré du sikhisme, aborde les concepts de réincarnation et de karma, qui sont centraux dans la cosmologie sikh. Conformément aux enseignements du Guru Granth Sahib, la vie et l’univers sont régis par le karma et la loi de cause à effet: les actions bonnes ou mauvaises d’une personne déterminent son futur, y compris les circonstances de ses vies futures.

La réincarnation est vue comme un cycle continu de naissance et de mort (samsara) auquel une âme est soumise jusqu’à ce qu’elle parvienne à une compréhension complète de la vérité divine et s’unisse avec le Waheguru (Dieu). La libération du cycle est un objectif central de la vie selon le sikhisme.

Le Coran, le livre sacré de l’islam, ne soutient pas l’idée de la réincarnation, c’est-à-dire le concept selon lequel les âmes humaines renaissent dans de nouveaux corps après la mort. Au contraire, l’enseignement islamique se concentre sur la croyance en une vie unique sur terre, suivie par la résurrection et le jugement dernier, où chaque âme sera jugée par Allah (Dieu) et recevra sa récompense ou sa punition éternelle dans l’au-delà.

Tout comme le Coran, les hadiths (récits des paroles, actions et approbations tacites du prophète Muhammad) n’appuient pas l’idée de la réincarnation telle qu’elle est comprise dans des traditions telles que l’hindouisme ou le bouddhisme, où les âmes subissent plusieurs naissances dans différents corps comme moyen d’évolution spirituelle ou de libération.

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